Un Jour à Paris ...
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Version #1 il est l'heure de tomber les masques ...
 
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 Faut-il partir ? Rester ? | Lyssa

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Lyssandre Defrel

Lyssandre Defrel


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MessageSujet: Faut-il partir ? Rester ? | Lyssa   Faut-il partir ? Rester ? | Lyssa EmptyMar 28 Oct - 21:56



Faut-il partir ? Rester ? | Lyssa 40qv1 [g]&[/g] Faut-il partir ? Rester ? | Lyssa 0ef9c018b6afa5fa856eca5f0dc3


Vendredi soir, je vois tout le monde sortir de St Jude, c'est le weekend end, alors tout le monde veut faire la fête, ça ne m'étonne pas, tous les vendredis c'est pareil. Et moi, je suis le seul en sens inverse, je ne vais pas aller faire la fête au Queen; me droguer, boire sans retenue et chercher une fille de joie pour qu'elle finisse dans mon lit. Non, je ne fais pas tout ça, j'ai d'autres projets. Je monte les escaliers quatre à quatre. Je n'ai pas du tout la tête à faire la fête, mais ai-je déjà eu la tête à ça ? Je ne pense pas. Je veux aller aux toits, en solitaire, je n'ai pas envie de passer la soirée dans ma chambre une fois de plus. J'ai envie de prendre l'air et de rester à St Jude en même temps. Alors quoi de mieux que les toits ? Mais d'abord, je passe à ma chambre, prendre une bouteille de champagne, un crayon et mon carnet.

Je suis assis sur le bord du toit, j'aime cet endroit, je regarde le vide, parfois j'aimerais sauter, pour savoir la sensation que cela fait. Je me dis que plus tard, quand je serai vieux, que ma vie sera au terme, je monterai sur un toit au hasard tant qu'il soit haut, et que je sauterai. Pas pour me suicider parce que je n'aime pas la vieillesse, mais juste pour mon plaisir. Et puis, je serai mort avant d'arriver en bas, alors je ne sentirai pas le choc de la chute. Cette idée me séduit, je la note dans mon cahier, pour ne pas l'oublier. Il fait doux, le vent souffle, je me sens bien. Le soleil va bientôt se coucher, et la vue est magnifique, je n'aime pas spécialement Paris, mais vue de haut, la ville est superbe. Je mâchonne mon crayon, comme toujours, j'ai envie d'écrire quelque chose, je suis venu ici pour avoir de l'inspiration, mais je n'en ai pas. C'est souvent le cas, quand j'ai envie d'écrire rien ne vient, et une fois que je suis occupé, quelques phrases me passent par la tête. Et parfois, je n'ai pas le temps de les noter, alors je les oublie. Peut-être ne suis je pas fait pour l'écriture, j'aime ça, mais je ne suis pas doué. Je le sais.

Les jambes dans le vide, je sors une cigarette de mon paquet de Marlboro. Je la porte à mes lèvres et je l'allume. J'aime l'odeur de la cigarette, j'aime fumer. Et je m'en veux pour ça, c'est un détail qui me fait ressembler à la jeunesse dorée, à ces parisiens auxquels je ne veux ressembler. Je hais chaque détail qui me rapproche d'eux, je déteste aimer fumer. Mais je ne saurais pas arrêter. C'est comme le champagne, comme la bouteille me nargue à côté de moi, que je n'ai pas encore ouverte. Je recule le moment où je vais l'ouvrir. J'aime le champagne comme j'aime la littérature, comme j'aime la pluie, l'automne, les cheveux longs et sauvages, comme j'aime la nuit. Et j'attends la nuit avec impatience, juste pour observer la beauté des étoiles.

_____________________________________________________________________________

La cloche sonne en plein milieu d'un exposé d'un rare intérêt. Le cours de littérature prend fin dans le brouhaha classique d'une fin de semaine. D'une longue semaine, dirais-je. Tous n'ont qu'un mot à la bouche: Queen. Il y a ce soir une des plus grandes fêtes de l'année dans la plus grande boîte pour bourges de Paris. Le genre de fêtes où on se bourre les narines de coke, où on boit jusqu'au coma sur des airs de musique techno. Le genre de fêtes où la jeunesse dorée donne la plus piètre image d'elle-même. Le genre de fêtes que tout humain normalement constitué voudrait apparaître. Le genre de fêtes où je ne mets pas les pieds. Quelques autres tentent une dernière fois de me convaincre avant de quitter St Jude pour une before party qui s'annonce arrosée. Je décline l'invitation pour la énième fois. Je ne suis pas ma soeur, je ne fréquente pas ce genre d'endroits.

Je sors de la classe nonchalamment, pour une fois que le cours était intéressant. Mes livres contre ma poitrine et mon sac pendant lamentablement ouvert sur mon épaule, je me dirige lentement vers ma chambre à l'internat. Nous sommes vendredi, mais à la différence des nombreux autres élèves, je ne rentre pas chez moi. Pour y faire quoi? Constater une fois de plus que mes parents ont d'autres préoccupations que de s'occuper de leur fille et que je ne ressemble absolument pas à mes frères et sœurs? Non merci. Ce genre de situations sont déjà arrivées trop souvent et je n'ai pas envie de me mettre à déprimer. Je gravis les trois étages qui me séparent de ma chambre avec difficulté. Le troupeau d'élèves se dirige dans l'autre sens et m'empêche d'avancer. Finalement, le couloir de l'internat se profile. Je fonce dans ma chambre et m'y enferme à double tour. Je sais que Brune va essayer de me sortir de mon petit monde une fois de plus. Et je sais qu'elle finira par se lasser. Je n'irai pas. C'est décidé depuis très longtemps. Comme je l'avais prédit, alors que je m'étais plongée dans un livre, j'entends mon amie gratter à la porte. Je lui marmonne une excuse stupide qu'elle ne croira pas. Je m'en fous. Elle aussi. Elle n'insiste pas, elle a bien compris. Je lui en suis reconnaissante.

Au bout d'un moment, je finis par m'ennuyer. J'aime lire, mais parfois j'ai besoin d'autre chose. Aujourd'hui je ne sais pas vraiment ce qu'il me faut. Juste de l'air. Je décide d'attraper ma veste et d'aller faire un tour sur les toits. C'est l'endroit le plus pratique pour se ressourcer sans que personne ne vienne interrompre vos rêveries. Arrivée à ma destination, je suis fort surprise de trouver quelqu'un là. J'imaginais que le tout St Jude se retrouverait sur la piste du Queen aujourd'hui. Ce quelqu'un n'était pas dans mes plans. Je m'approche doucement, mais mes pas l'ont fait se retourner. Je l'ai déjà aperçu quelques fois dans les couloirs. Il s'appelle West. J'ai oublié son nom de famille. Et visiblement, il n'a pas l'air fan des soirées branchées de la jeunesse dorée. Il est assis sur le bord du toit, les pieds dans le vide. Je n'ose pas l'imiter alors que j'arrive à sa hauteur. Je reste derrière le petit muret sécurisant. J'ai le vertige. Je constate qu'il a apporté une bouteille de champagne et un carnet étrange. Il fume. L'odeur de sa cigarette est agréable à l'air libre. Je lui adresse un vague sourire.

" Alors comme ça je ne suis pas la seule folle à ne pas être au Queen à me bourrer la gueule... Ravie de le constater. "

Le vent qui souffle est assez frais et un frisson parcours mon maigre corps. Je resserre ma veste contre moi? Mes mèches folles volent dans tous les sens. J'aurais mieux fait d'emporter mon bonnet. Je tente en vain de les ramener derrière mes oreilles. J'abandonne rapidement en constatant que mes efforts ne servent à rien.

____________________________________________________________________________

Ma cigarette entre mes doigts, je laisse la fumée s'échapper de ma bouche, je la regarde s'envoler, s'éloigner puis disparaître. Moi aussi j'aimerais m'échapper, m'envoler et disparaître. Si seulement j'avais le choix. Mais je ne l'ai pas. Je pose mon regard vide sur la bouteille de champagne. J'ai l'impression qu'elle me voit, qu'elle me regarde, qu'elle sait que j'ai envie de l'ouvrir et de la boire, et qu'elle me nargue. J'ai trop d'imagination, je sais. Mais parfois, les objets me semblent vivants, mais sans l'être vraiment. Je suis faible, je ne sais résister à cette tentation, celle de boire. Je m'apprête à ouvrir la bouteille, mais m'arrête un instant. Je respire, je me sens vivant, je veux profiter de ce silence, de ce doux moment, de cette soirée qui s'achève et qui va devenir nuit. Mais ce court bonheur de ma vie ne dure pas, je sens une présence derrière moi, je l'entends et je me retourne.

Son teint est pâle et chaud; la brune enchanteresse
A dans le cou des airs noblement maniérés;
Grande et svelte en marchant comme une chasseresse,
Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.
BAUDELAIRE


Une voix mélodieuse sort de sa bouche. Je l'observe; des cheveux bruns sauvages, domptés par le vent, un petit sourire, des yeux étincelants. Lyssandre, dite la troisième, le mystère, m'a rejoint sur le toit. Je sais son nom, comme je sais ceux de tout le monde, je la connais, sans qu'elle me connaisse. Le vilain petit canard du trio Defrel, celle qu'on apprécie le moins dans la plupart des cas, celle qui est différente de son frère et de sa soeur, celle qui n'a pas le gout de la fête, de l'alcool et e la drogue, celle qui me ressemble, un peu. Du moins, je crois, qu'il y a une ressemblance entre elle et moi, je ne suis sûr de rien vu que je ne la connais guère. Mais à force de l'avoir observée, comme tous les autres, j'ai appris beaucoup de choses. Par exemple, je vois bien son malaise, elle ne s'approche pas trop, comme si elle avait peur du vide. Ce qui doit être le cas.

« Nous sommes sûrement les deux seuls à préférer rester ici plutôt que d'aller nous éclater sur la piste de danse. »

Je lui souris, enfin je crois. Je ne sais pas si mon sourire ressemble à un véritable sourire, je ne me suis jamais regardé et entraîné dans la glace pour que mon sourire soit le plus charmeur de tous. J'en connais qui le font, pitoyable ! Je ne connais pas Lyssandre, encore moins Zephyr et Dalziel, mais je sais que c'est celle à qui j'accorde la plus de sympathie. Elle a plus de charme que sa soeur, elle est plus naturelle, plus élégante, plus attirante. Zephyr est une droguée, ça l'enlaidit. Dalziel est pareil qu'elle. Des jumeaux en apparence et à l'intérieur. Seule Lyssandre fait tâche. Une jolie tâche. Je me retourne, je tourne le dos au vide, à la vue magnifique sur Paris. Je fais face à la troisième Defrel. Le vent souffle dans mon dos, il fait plus froid que quelques minutes auparavant, mais je ne sens pas le vent s'introduire dans mes vêtements, du moins, pas encore. La fumée de cigarette s'envole vers Lyssandre en tourbillonnant. J'admire ce qui s'offre à moi, comme si c'était la peinture la plus exquise que j'aie jamais vue.
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Lyssandre Defrel

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MessageSujet: Re: Faut-il partir ? Rester ? | Lyssa   Faut-il partir ? Rester ? | Lyssa EmptyMer 29 Oct - 20:27

    Je jette un coup d'oeil rapide au-delà du petit muret. La vue est magnifique, mais la hauteur qui nous sépare du sol est paralysante. Je frémis d'horreur alors qu'une série de scénarios tous aussi morbides les uns que les autres me vient à l'esprit. Je n'y peux rien, mes peurs ont un effet étrange sur moi. Je m'invente presque toujours toutes les éventualités d'une situation. Et presque instinctivement, battue par le vent sur ce toit trop haut, je fais un pas en arrière. West sourit. Un sourire bizarre qui n'en n'est pas vraiment un. Seule une petite lueur amusée au fond de ses yeux traduit la courbure étrange qu'a prise sa bouche. C'est un personnage à lui tout seul. Je le vois souvent, je ne lui parle jamais. Je ne sais rien de lui que ce qu'il veut bien laisser savoir. Et je ne sais de lui rien de plus que ce que tout le monde sait de lui. Et son mystère m'attire. Il m'attire comme il en attire tant d'autre. Les énigmes sont la passion de tous les curieux. Mais debout près de lui aujourd'hui, je ne suis pas sûre d'avoir envie de percer son mystère. Les gens deviennent ennuyeux une fois qu'on les connait. Et je n'ai pas envie de voir West devenir ennuyeux. Je m'assieds à ses côtés, dos au vide contre le petit muret de béton gelé.

    Je tourne mon visage vers lui et mon regard tombe inévitablement sur son visage à la peau dorée, presque méditerranéenne. Je n'avais jamais remarqué son teint, quoi que je ne fasse guère attention à ce genre de détails. Le physique des gens m'importe bien peu. A penser cela, je me fais l'effet d'un stéréotype. Ce genre de phrases sont dans la bouche de n'importe qui, mais peu le pensent véritablement. Je le pense véritablement. Et je suis bien placée pour prétendre ce genre de choses, moi et mon corps trop maigre, mon visage fin qui trahit toutes mes émotions et mes états d'esprits. Je n'aime pas mon corps. Les corps ne sont que le véhicule de quelque chose de plus grand. J'aurais envie de dire le véhicule de l'âme, mais cela sonnerait trop religieux. Je n'ai rien de religieux.

    Un léger sourire s'étend sur mon visage alors que je lui réponds.

    " Et nous serons probablement les deux seuls à pouvoir profiter de nos pieds demain... "

    Mes yeux s'attardent sur le bout rougeoyant de sa cigarette. La fumée s'échappe et s'envole en corolles dans les airs, bercée par le vent jusqu'à disparaître, invisible. Je n'ai jamais fumé. Que trouve-t-on de si particulier à cela? Se tuer à petit feu est une pratique bien étrange et pourtant bien répandue dans l'humanité. Tout particulièrement dans la jeunesse dorée.
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West Delavigne

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MessageSujet: Re: Faut-il partir ? Rester ? | Lyssa   Faut-il partir ? Rester ? | Lyssa EmptyJeu 30 Oct - 2:07

    Ces yeux expriment la peur, une peur grande. La peur, qu'est-ce que la peur ? Un sentiment que je n'éprouve pas. Ou si, je l'ai parfois ressentie. Tu n'a peur de rien, tu n'as peur de personne. Sauf de toi-même. C'est la pire de toutes les peurs. C'est cette peur là qu'il m'arrive d'éprouver à mes heures perdues. J'ai peur de moi. De ce que je vais devenir. De ce que je suis. De ce que je fais. De ce que je suis capable de faire. De ce que je pense. Lyssandre a peur du vide. Moi je me sens attiré par le vide, j'ai envie de m'y jeter. Nos peurs sont bien différentes. Je remarque son pas en arrière, il exprime encore plus sa peur. Pourtant elle me rejoint, elle s'assied, juste à côté de moi. Elle brave sa peur, ou plutôt, elle lui tourne le dos. Nous sommes silencieux un moment, j'aime ce calme. Alors je ne dis rien, j'attends qu'elle parle. Et je la regarde. Sa cheveux bruns ondulant dans le vent. Son joli visage fin. Pour moi le physique est important, je ne sais pas pourquoi. On dit que quand on aime on se fout de l'extérieur. Mais pour tomber amoureux, il faut d'abord voir le physique, et moi, je ne saurais tomber amoureux d'une femme qui ne m'attire pas. Bien sûr, il n'y a pas que le physique qui m'attire, j'aime les personnalités mystérieuses, celles dont on ne connait pas grand chose. Et Lyssandre fait partie de cette "catégorie". Elle est différente, et j'aime. Je n'aime pas les femmes spécialement belles ou fatales, j'aime les filles naturelles qui ont quelque chose d'attirant. Elle ne se trouve peut-être pas belle, pourtant moi je la trouve sublime et intrigante. Elle est peut-être trop mince. Ça ne la rend que plus charmante. Mais évidemment, j'ai mes gouts, et tout le monde ne doit pas être de mon avis. " Et nous serons probablement les deux seuls à pouvoir profiter de nos pieds demain... " Je souris. Je tourne ma tête vers la bouteille de champagne qui n'est pas encore ouverte. Je la saisis l'ouvre et lui tend.

    « Autant faire comme eux, boire, mais sans exagération, en gardant nos pieds là où ils sont. »

    Je ne sais pas si elle va prendre la bouteille, si elle ne boit pas de champagne, c'est moi qui le boirai. Je continue de tirer sur ma cigarette, tel un drogué qui ne sait s'en passer.
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Lyssandre Defrel

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MessageSujet: Re: Faut-il partir ? Rester ? | Lyssa   Faut-il partir ? Rester ? | Lyssa EmptyDim 2 Nov - 13:12

    Je le regarde fumer un moment. Ses lèvres collées au filtre jaune de la cigarette. Elles se contractent une seconde et ses doigts dorés viennent les libérer du tube de papier. Elles laissent s'échapper un filet de fumée. Et à nouveau, le tube entre ses lèvres. Je ne comprendrai jamais les fumeurs. Et puis il me tend la bouteille de champagne en m'invitant à boire. Oui, mais je ne bois pas. Ou rarement. Et je ne suis pas sûre d'avoir envie de sentir les bulles magiques du champagne monter dans mon cerveau et l'électriser. Je ne suis pas sûre, ici sur ce toit bien haut, d'avoir envie de perdre le contrôle de mon être. Je ne suis simplement pas sûre d'avoir envie de faire comme les autres. Mais ici, seule avec West, j'ai peur d'être la troisième Defrel, trop sage et trop coincée. Je ne sais pas pourquoi. Je regarde le goulot de la bouteille et écoute les bulles crépiter. Je ne supporte pas l'alcool, le champagne et ses bulles encore moins. J'ai peur d'être ivre. Mais je ne suis pas obligée d'aller jusque là. Ou peut-être pas maintenant... Je lève mes yeux sur lui. Je ne sais pas bien ce qu'ils expriment, mais je m'en fous. Je tente un sourire, mais il ne doit pas être très réussi.

    " Peut-être pas tout de suite, merci. A toi l'honneur. "

    Et je repousse sa main et la bouteille vers lui. Peut-être pas tout de suite... Est-ce que ça laisse la place à un futur refus? Je n'en suis pas certaine, mais peu importe. Il a l'air de me connaître. Et je ne sais pas pourquoi. Ni comment. Ni qui il voit dans la troisième Defrel, celle qui ne boit pas, ne sort pas et ne se drogue pas. Mais lui non plus ne sort guère, et je ne l'ai jamais vu drogué. A part peut-être à sa cigarette. A croire que ses poumons ne peuvent aspirer que de la fumée, que l'air est trop difficile à respirer. Foutaises. Il finira entre quatre planches à trente-huit ans, les poumons goudronnés et un cancer généralisé. C'est triste. Mais il finira probablement plus vieux que tous ces jeunes bourges drogués jusqu'à la moelle. Elle est belle la jeunesse dorée. Je n'aime pas en faire partie.
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