« one among a million » ; pv. delavigne west

« one among a million » ;
pv. delavigne west
place; le queen
at; 23:54pm

Les basses frappaient avec douceur mes tympans. Je reposais mon verre; déjà vide; sur le comptoir et me regard se mit à divaguer au loin. Je balayais d mes yeux clairs comme l'eau la foule endiablée sur la piste de danse. Je pouvais voir la sueur dégouliner le long des poitrines, s'infiltrer dans les décolletés plongeants. Les corps se frôlaient, se serraient de plus en plus, dans une danse macabre. Ma tête me tournait et un coup d'oeil dans le miroir qui se trouvait non loin de moi me força à porter mon poignet sur ma narine pour y effacer la trace blanchâtre qui s'y trouvait. Comment étais-je entrée ici; ou comment avait-on pû me laisser rentrer. Je n'avais que seize ans et on ne m'avait encore jamais refusée nul part. Perchée sur mes hauts talons, vêtue d'une tenue légère, fardée de noir, je ne me reconnaissais plus. Adieu la petite fille angélique aux boucles blondes. Je me saisissais de mon verre et faisais comprendre d'un geste brusque que je souhaitais qu'on me le remplisse. Je n'arrivais plus à émettre un seul son tant ma bouche était pâteuse; et cela faisait des heures que je n'avais adressé la parole à personne. On m'accostais, brusquement, alors que j'engloutissais un nouveau verre de vodka. Les mots qu'il semblait prononcer n'arrivaient pas à mes oreilles et c'était mieux ainsi. Je posais mon regard glacial sur lui et, sans un mot, lui signifiait d'aller voir ailleurs. Puis je me concentrais de nouveau sur mon verre, le regard perdu au fin fond du liquide translucide qu'on appelait vodka. Je n'étais pas encore saoûle, j'avais encore pas mal de liquide à engloutir pour ça; mes limites s'élargissaient, bientôt je n'en aurais plus aucune. Je relevais la tête, passant ma crinière blonde d'un côté de ma tête, lorsque mon regard fut attiré par la silhouette d'une connaissance. Je me concentrais sur l'homme statique à l'entrée de la boite; West Delavigne. Je penchais la tête sur le côté alors qu'il s'approchais, s'avançant dans ma direction. M'avait-il vue ? Je haussais les épaules et détournais le regard avant de porter mon verre à mes fines lèvres. Les pieds du tabouret qui se trouvait à ma droite grinçèrent mélodieusement et je posais lentement mon regard sur mon voisin. Un demi-sourire étira mes lèvres et, sans quitter West du regard, je levais le bras pour signifier au barman d'apporter deux verres.

- Toi, ici ?

Vendredi, à peine sorti de la classe, je savais que j'avais envie de me divertir. Je n'avais nullement envie de me poser dans ma chambre, livre en mains. Et quoi de mieux que le Queen pour me changer les idées ? Quelque chose me poussait à y aller. Alors j'ai suivi mon instinct, je l'ai écouté. Mais je n'allais pas faire comme tous ces jeunes auxquels je ne voulais pas ressembler, je n'allais pas me droguer, ni chercher une fille de joie qui finirait dans mon lit. J'allais juste me divertir, m'amuser à les regarder, tous pitoyables autant qu'ils sont. Je sais que si je les déteste autant, c'est parce qu'ils ressemblent à mon père, et que par conséquent, je leur ressemble un peu. Mais je ne veux pas. Je n'ai jamais voulu.
Je suis adossé au bar, mon regard vide passe d'une personne à l'autre. Je souris malicieusement. Ils me font rire, tous. La piste est remplie, remplie d'adolescents de la jeunesse dorée se dandinant. En sueurs, les cheveux plaqués en arrières, ils me dégoutent. Les filles laissent glisser les mains baladeuses sur leur corps. Certaines repoussent, mais je vois dans leurs yeux qu'elles aiment leurs caresses. Je prends un verre de champagne, je le fais tourner entre mes doigts quelques instants. Et je le bois, en prenant mon temps, gorgée par gorgée. J'apprécie cet alcool de petits bourgeois. Et à chaque fois que mon verre devient vide, je le remplis, je regarde le liquide couler dans mon verre avec grâce. Et je bois le verre, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien dans la bouteille. Mais je n'ouvre pas une nouvelle. J'observe la foule déjantée. Je cherche une personne, qui m'intéressera plus que les autres. Je balaye la salle, et je la vois. Elle est à quelques pas de moi, au bar. Elle est sublime. J'hésite une seconde, à chaque fois que je suis avec elle, je deviens comme tous les autres. Je ne suis plus moi. Je suis pitoyable. Mais j'ai envie de la voir de plus près. Alors je m'assied sur le tabouret à sa droite. Elle me sourit, je ne l'imite pas. Mes prunelles s'ancrent dans les siennes. Mon regard pétille, je le sais, comme à chaque fois que je la vois. Je ne sais pas pourquoi je l'admire, elle est tout ce que je déteste et en même tant tout ce que j'aime. Je porte un des verres que le barman a apporté à mes lèvres, et je le bois, d'une seule traite.

« En effet, ça t'étonne ? Par contre toi, ça ne m'étonne pas. »

Je sors un paquet de ma poche mon regard toujours rivé sur Dahlia. J'en extrait une cigarette Marlboro que je porte à mes lèvres pour allumer. Et je tends le paquet à Dahlia, pour lui en proposer. D'habitude je n'aurais pas fait ça. Elle était encore jeune, seize ans et déjà elle se droguait. Elle n'était plus la petite adolescente d'auparavant.

Les deux verres de vodka glissent jusqu'à nous; docilement. Je me saisis du premier qui passe à ma portée et mon regard suit la trajectoire du deuxième qui va s'encastrer à la perfection dans la main à demi-ouverte de West. Mes yeux remontent lentement le long de son bras, jusqu'à ses lèvres et ses yeux qui semblent vouloir me sonder; au plus profond de mon être. Je souris, ironique alors qu'il porte son verre à ses lèvres et l'engloutit d'une seule traite. « En effet, ça t'étonne ? Par contre toi, ça ne m'étonne pas ». Un léger rire s'échappa de mes lèvres entrouvertes. Effectivement, ça n'étonnait plus personne que je me trouve dans ce genre d'endroit à une heure tardive; par contre, ce qui était plus étonnant c'était d'y trouver West, et en ma compagnie de surcroît. Tout le monde était plus ou moins au courant que West n'était pas du genre à lier l'amitié avec l'espèce dont je faisais partie; et j'étais la première étonnée du comportement qu'il avait à mon égard. Néanmoins, je n'allais pas m'en plaindre. Il était une des rares personnes que je pouvais supporter et il était parfois bon de me tirer de ma solitude.
Mon index alla se perdre sur le rebord de mon verre, s'amusant à en suivre le contour. Je baissais les yeux sur le paquet de cigarette que me tendait West et m'en saisis d'une. Je m'approchais de lui, cigarette en bouche, et me saisissais de sa main qui tenait le briquet et plongeais ma cigarette dans la flamme encore allumée. Je me redressais et portais le verre à mes fines lèvres, engloutissant une copieuse gorgée du liquide translucide qui brûla délicatement ma trachée. Je tirais une latte sur ma cigarette et recrachais un épaque nuage de fumée opaque avant de reposer mon regard sur West.

- J'ai cru comprendre que tout ce qui se tient autour de toi, là, maintenant, te débectait au plus profond.

Un nouveau sourire gentiment ironique étira mes lèvres alors que je plongeais mon regard dans le sien en avalant une nouvelle gorgée de vodka. Je m'incluais bien entendu dans le lot de toute cette jeunesse dépravée que semblait avoir en horreur West. Je devais avouer que moi-même, j'avais parfois du mal à supporter tout ça, cette débauche parfois poussée à son apogée. L'horreur en somme. Mais c'était devenu mon monde, le seul dans lequel je pouvais me sentir comme chez moi; ou presque. Et West n'en faisais évidemment pas partie; et c'était sans doute mieux. Pourtant, lorsqu'il était en ma compagnie, il laissait tomber toutes ses réticences et cela m'amusait. Je ne cherchais pas à en abuser, mais son comportement 'lunatique' me plaisait plus que ce que je n'en laissais montrer.

- A moins que je ne me trompe, évidemment. rajoutais-je, un léger sourire en coin.

Elle me sourit, ironiquement. Elle s'amuse, je le vois dans ses yeux. Je vois bien que ça lui plait que quand je suis avec elle, j'oublie qui je suis, j'oublie que je ne veux pas devenir comme la jeunesse dorée, comme ces jeunes bourrés à la cocaïne, l'héroïne, l'extasie ou encore au lsd. Je deviens ce que je ne veux être, ça la fait rire. Je la comprends. Qui cela n'amuserait-il pas ? West, ou encore l'incompréhensible voue une adoration à mademoiselle Dahlia. Mais attention Delavigne, De Belleville n'a pas besoin d'un toutou. Pourquoi deviens-tu ce que tu ne veux pas être en sa compagnie ? As-tu peur qu'elle ne t'apprécie pas tel que tu es ? Je vois déjà bien Miss Hell en faire un scandale. Mais j'espère qu'on ne parlera pas de moi dans son prochain article, je veux rester le mystérieux West qu'on ne remarque pas tout de suite. Je ne veux pas devenir une bête de foire. Jamais. Dahlia prend une des cigarettes que je lui présentais. Elle prend ma main qui tient le briquet pour allumer sa clope. Sa main que je caresse juste un instant.« J'ai cru comprendre que tout ce qui se tient autour de toi, là, maintenant, te débectait au plus profond. » Mon sourire s'élargit. Elle ne me connait pas, mais elle sait que je ne suis pas comme elle, comme eux.« A moins que je ne me trompe, évidemment. » Elle savait très bien ne pas se tromper. Elle souriait, elle s'amusait.

« C'est le cas, je n'aime cet environnement, sauf quand je suis en bonne compagnie. »

En de bonne compagnie ne signifie pas filles, ça signifie juste elle. Elle et personne d'autre. Ce n'est pas la fille que je préfère. Mais c'est la seule avec qui je fais des choses que je ne fais jamais avec d'autres. C'est la seule avec qui je fais la fête, et c'est la seule avec qui il me serait capable de me droguer, de faire tout ce qu'elle fait en fait. Je suis pitoyable. Je m'en rends compte, mais je ne saurais pas ne pas l'être quand je suis avec elle.

» w e s t . Delavigne. iwantyou (8)
» « i am your biggest temptation » | pv west
» Qui va pousser l'autre le premier ? PV West