Seule au bord du quai [Libre]

Seule, la jeune Strasbourgeoise marchait le long d'un pont, d'un pas léger bien que trainant. Il ne faisait pas franchement chaud, mais étant assez coquette, elle s'était laissée tenter par une jupe plissée grise aujourd'hui, ainsi qu'un pull à cerreaux gris et vert émeuraude. Des collants verts recouvraient ses jambes, plutôt jolies d'ailleurs, haut chaussée sur des richelieues noires. Il était tout juste quinze heure, c'était les vacances et Caro s'ennuyait déjà. Elle avait enmené un livre dans son sac, Millénium, le tome 4 mais elle ne l'avait pas encore commencé, elle n'avait pas trop envie de lire, pas dans la rue. Elle s'assit alors sur un banc, au milieu d'un pont peu fréquenté par les touristes mais très apprécié par les étudiants de St Jude. Peut-être que l'un d'entre eux allait passer ? Peut être même qu'elle aurait de la compagnie. Elle sourit. En fait, elle était plutôt de bonne humeur aujourd'hui. Du moins en ce moment là. Elle se mit même à fredonner une chançon.

Quand trois pouleuh montent aux chaamps...

C'est mon deuxième jour à Paris. Les lumières parisiennes ne m'éblouissent toujours pas. Paris est beau. Mais n'égalisera jamais NYC. Je marche ainsi, des idées noires dans la tête. Ai-je l'air d'une touriste ? Je n'en sais rien. En tout je me sens tel quel. J'aimerai pouvoir m'éblouir devant la tour eiffel. Mais rien. Je trouve que c'est une tour grise. Ridiculement haute. Et pleine de gens ennuyants. Je joue la comédie du bonheur. Pour ma grand mère. Ca fait parti du contrat. Putain de contrat.

Je traverse Paris. Je suis peut être perdue. Je m'en fiche. Le temps suit mes idées. Comme souvent. Je vois des touristes débiles avec leur appareil photo sony prendre je ne sais quelle statut. A la con. Ridicules. Je souris. Malgré moi. Mon sourire disparait. Je les vois s'embrassser. Ils me rappellent. Mon malheur. Mon amour. Son sourire. Je suis tellemnt perdue. Paris pourrait s'enflammer, ce ne serait jamais autant que mon coeur.

Je sors mon ipod chromatique, le vert bien sûr. Ma couleur préférée. Celle de ses yeux. Notre enfant aurait il eu les yeux verts ? Ou bleus ? Personne ne le saura jamais. Il est mort. Je ne sais même pas son sexe. Je pleure cette personne inexistante. Qui a gaché ma vie parfaite. Je les aimes trop. Lui et lui. Les haïr m'est impossible. Je choisis une chanson triste. Comme ça tout est assortis. Mon esprit. Mon coeur. Mes cheveux. Ma tenue. Ma chanson. Twilight, crépuscule. Je repense sans le vouloir à nos moments sur la plage. Miss Carlton a une belle voix. C'est sûr.

La pluie tombe. C'était à prévoir. Mais je suis en t-shirt. En cashemire certes. Zadig & Voltaire. Je frissonne. Je vais attraper la crève. Je n'irais pas en cours. Je suis ici depuis 50 heures. Je les ais comptés. NYC me manque. Ici il fait moche. Les gens ne me connaissent presque pas. Enfin je vais m'en sortir pas mal. Amis et ennemis. C'ets toujours les mêmes. Crétins. Prévisibles. Peu intéressants. Je les porte dans mon coeur. C'est fou ce que je suis ironique.

Il y a une fille là bas. Assise sur un banc. Avec un bouquin à la main. Cette fille est curieuse. J'essaye de lire le titre du livre. Je suis trop loin. J'ai parfois besoin de lunettes. Mais chut. La fille mal fagotée. Avec un petit imperméable bcbg. Une petite riche. Comme moi. Mais elle parait plutôt du genre intello. Solitaire. Pas forcément par choix. Elle parait jeune. Comme moi. Je ne sais pas. Je me sens conne. Ca ne m'arrive pas souvent. Je jure. Oh la la. Je suis ridicule. Si je me fis aux apparences, je passe mon chemin. Mais j'ai envie d'humanité. Mes pas me prennent. Malgré moi. Je vais vers le banc. Je m'entends demander si je peux m'assoir. Avec mon accent. Touriste ?